Author : | Claire Lahuerta |
Professeur d’Arts à l’Université de Lorraine. |
En une sorte d’illustration de la notion de chaos sensible théorisée en 1962 par l’hydrodynamicien allemand Theodor Schwenk, Guiseppe Penone s’attache à capturer l’empreinte, immense et monstrueuse à cette échelle (7,14 mètres de long) des processus organiques naturels tapis ici dans le détail d’une paupière. Plis, plissements, rides et ridules inscrivent et écrivent le corps en un cheminement graphique et poétique que le spectateur arpente d’une visite haptique, caressant cette sorte de mue d’artiste de son regard fasciné. Mais derrière ce rideau de peau se trouve l’autre scène : celle, intime, de l’artiste, qui livre ici son paysage intérieur, ramifications vues du dedans, lorsque la lumière filtre à travers les paupières fermées. Introspection, exposition, invitation à la dérive.