Author : | Annette Becker |
Directrice du Centre Pierre Francastel d'histoire de l'art et des représentations contemporaines, Paris-X. |
« La guerre fut grise et camouflée. Une lumière, une couleur, un ton même étaient interdits sous peine de mort. (…) Personne n’a vu la guerre, caché, dissimulé, à quatre pattes, couleur de terre, l’œil inutile ne voyait rien. » À partir du constat du combattant Fernand Léger, on s’interrogera sur les occultations des fronts militaires et domestiques en 1917. Camoufler c’est masquer sa présence militaire, la rendre moins visible donc plus efficace. C’est aussi contrecarrer la réalité des combats en prétendant aligner plus de moyens avec des leurres de soldats et de canons, ou observer sans être vu. C’est enfin parvenir à cacher le drame de la guerre tout entière en essayant de dépasser la contradiction entre esthétique – les fragmentations des avant-gardes - et destruction. Ce sont plus souvent les ruines que les morts (militaires et civils) que l’on représente et que l’on montre : aseptisation de la guerre devenue totale.